Alors qu’en Syrie se profile un hypothétique
cessez-le-feu, jusqu’à présent chaque fois que des civils périssaient
sous les bombes russes ou supposées russes, il s’agissait nécessairement
de crimes de guerre. A contrario, que le Pentagone détruise
avec ses drones un hôpital en Afghanistan ou en Somalie, ce ne sont que
des dégâts collatéraux. Ce serait d’ailleurs ces mêmes bombes russes, et
elles seules, qui à Alep jetteraient sur les routes de dizaines de
milliers de malheureux. Difficile, à ce propos, de ne pas évoquer la
mésaventure de M. Pujadas qui, lors du JT de France 2 du 4
février, pour illustrer la précision chirurgicale des bombardements
américains, diffusa des images de frappes russes maquillées. Un énième
trucage montrant que, trop souvent, nos grands médias, notamment du
service public, sont devenus de grossiers organes de propagande, et
rarement au service des meilleures causes.
Si l’on nous montre abondamment les flots de réfugiés fuyant Alep – qui, auparavant, semblaient s’accommoder cependant assez bien de la présence de l’État islamique -, on continuera d’ignorer qu’en contrepartie, des quartiers entiers accueillirent les forces gouvernementales en libératrices. Qu’à l’occasion les vaincus vomissaient dans les micros des journalistes leur haine des chiites. C’est dire que la dimension confessionnelle d’une soi-disant lutte pour la démocratie et les droits de l’homme est largement occultée, cela parce que non politiquement et médiatiquement correcte.
C’est aussi une guerre idéologique parce qu’in fine, le sunnisme dont les « modérés » se réclament est celui des Frères musulmans, vecteur d’un islam politique dont la nature est d’abord idéologique, tout comme le wahhabisme de l’État islamique qui est un sunnisme schismatique, nihiliste et messianique, plus proche en son essence du bolchevisme que de la prédication coranique. Par exemple, la Tchéka, l’organe du terrorisme d’État mis en place par Lénine, avait à peu près un programme analogue à celui de l’État islamique : « La Commission extraordinaire… ne juge pas l’ennemi : elle le frappe. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe… La première question que vous devez poser [à l’accusé], c’est à quelle classe il appartient, quelle est son origine, son éducation, son instruction et sa profession. Ce sont ces questions qui doivent décider de son sort. Voilà la signification et l’essence de Terreur rouge. » Remplacer le mot bourgeois par celui de mécréant (sunnite non wahhabite, alaouite, chrétien, druze, yézidi) et vous aurez un copier/coller du programme takfiriste.
Ajoutons à cela la dimension tricontinentale d’un conflit qui s’étend du Turkestan chinois au golfe de Guinée via Paris où se mêlent tous les peuples du Vieux Monde et de l’Afrique. Non seulement des foyers insurrectionnels sont actifs au Xinjiang et au Nigeéria, mais des brigades internationales sont à l’œuvre en Syrie, regroupant quelque cent nationalités. Tous mus, il va sans dire, par un violent amour de la démocratie. Or, si le monde s’embrase en conséquence d’une intervention annoncée de Riyad et d’Ankara à contre-courant des efforts de paix russo-américains, le vœu de M. Attali en faveur d’une gouvernance mondiale post-apocalyptique se verra peut-être enfin réalisé.
Si l’on nous montre abondamment les flots de réfugiés fuyant Alep – qui, auparavant, semblaient s’accommoder cependant assez bien de la présence de l’État islamique -, on continuera d’ignorer qu’en contrepartie, des quartiers entiers accueillirent les forces gouvernementales en libératrices. Qu’à l’occasion les vaincus vomissaient dans les micros des journalistes leur haine des chiites. C’est dire que la dimension confessionnelle d’une soi-disant lutte pour la démocratie et les droits de l’homme est largement occultée, cela parce que non politiquement et médiatiquement correcte.
Lire aussi : Bataille d’Alep : le ton monte
En fait, pour ceux qui n’auraient pas encore compris, il ne s’agit
pas en Syrie d’une guerre civile sous couvert d’une rébellion armée
contre un régime ayant confisqué le pouvoir au seul profit de la
minorité chiito-alaouite. Il n’est donc pas ici question d’une simple
lutte idéologique (démocratie contre fascisme) comme voudraient nous le
faire croire tous les savants exégètes qui se succèdent sur les plateaux
des étranges lucarnes. Car sans doute vaudrait-il mieux parler
d’affrontement interconfessionnel et idéologique, sachant que les
rebelles sont essentiellement des sunnites en guerre (même s’ils ne le
crient pas sur les toits) contre les chiites honnis.
C’est aussi une guerre idéologique parce qu’in fine, le sunnisme dont les « modérés » se réclament est celui des Frères musulmans, vecteur d’un islam politique dont la nature est d’abord idéologique, tout comme le wahhabisme de l’État islamique qui est un sunnisme schismatique, nihiliste et messianique, plus proche en son essence du bolchevisme que de la prédication coranique. Par exemple, la Tchéka, l’organe du terrorisme d’État mis en place par Lénine, avait à peu près un programme analogue à celui de l’État islamique : « La Commission extraordinaire… ne juge pas l’ennemi : elle le frappe. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe… La première question que vous devez poser [à l’accusé], c’est à quelle classe il appartient, quelle est son origine, son éducation, son instruction et sa profession. Ce sont ces questions qui doivent décider de son sort. Voilà la signification et l’essence de Terreur rouge. » Remplacer le mot bourgeois par celui de mécréant (sunnite non wahhabite, alaouite, chrétien, druze, yézidi) et vous aurez un copier/coller du programme takfiriste.
Ajoutons à cela la dimension tricontinentale d’un conflit qui s’étend du Turkestan chinois au golfe de Guinée via Paris où se mêlent tous les peuples du Vieux Monde et de l’Afrique. Non seulement des foyers insurrectionnels sont actifs au Xinjiang et au Nigeéria, mais des brigades internationales sont à l’œuvre en Syrie, regroupant quelque cent nationalités. Tous mus, il va sans dire, par un violent amour de la démocratie. Or, si le monde s’embrase en conséquence d’une intervention annoncée de Riyad et d’Ankara à contre-courant des efforts de paix russo-américains, le vœu de M. Attali en faveur d’une gouvernance mondiale post-apocalyptique se verra peut-être enfin réalisé.
Des brigades internationales sont à l’œuvre en Syrie, regroupant quelque cent nationalités.
Sanctions russes : l’autopunition européenneUkraine : Obama veut-il la guerre totale ?Al-Baghdadi, le calife à la Rolex
Alors qu’en Syrie se profile un hypothétique
cessez-le-feu, jusqu’à présent chaque fois que des civils périssaient
sous les bombes russes ou supposées russes, il s’agissait nécessairement
de crimes de guerre. A contrario, que le Pentagone détruise
avec ses drones un hôpital en Afghanistan ou en Somalie, ce ne sont que
des dégâts collatéraux. Ce serait d’ailleurs ces mêmes bombes russes, et
elles seules, qui à Alep jetteraient sur les routes de dizaines de
milliers de malheureux. Difficile, à ce propos, de ne pas évoquer la
mésaventure de M. Pujadas qui, lors du JT de France 2 du 4
février, pour illustrer la précision chirurgicale des bombardements
américains, diffusa des images de frappes russes maquillées. Un énième
trucage montrant que, trop souvent, nos grands médias, notamment du
service public, sont devenus de grossiers organes de propagande, et
rarement au service des meilleures causes.
Si l’on nous montre abondamment les flots de réfugiés fuyant Alep
– qui, auparavant, semblaient s’accommoder cependant assez bien de la
présence de l’État islamique -, on continuera d’ignorer qu’en
contrepartie, des quartiers entiers accueillirent les forces
gouvernementales en libératrices. Qu’à l’occasion les vaincus
vomissaient dans les micros des journalistes leur haine des chiites.
C’est dire que la dimension confessionnelle d’une soi-disant lutte pour
la démocratie et les droits de l’homme est largement occultée, cela
parce que non politiquement et médiatiquement correcte.
C’est aussi une guerre idéologique parce qu’in fine, le sunnisme dont les « modérés » se réclament est celui des Frères musulmans, vecteur d’un islam politique dont la nature est d’abord idéologique, tout comme le wahhabisme de l’État islamique qui est un sunnisme schismatique, nihiliste et messianique, plus proche en son essence du bolchevisme que de la prédication coranique. Par exemple, la Tchéka, l’organe du terrorisme d’État mis en place par Lénine, avait à peu près un programme analogue à celui de l’État islamique : « La Commission extraordinaire… ne juge pas l’ennemi : elle le frappe. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe… La première question que vous devez poser [à l’accusé], c’est à quelle classe il appartient, quelle est son origine, son éducation, son instruction et sa profession. Ce sont ces questions qui doivent décider de son sort. Voilà la signification et l’essence de Terreur rouge. » Remplacer le mot bourgeois par celui de mécréant (sunnite non wahhabite, alaouite, chrétien, druze, yézidi) et vous aurez un copier/coller du programme takfiriste.
Ajoutons à cela la dimension tricontinentale d’un conflit qui s’étend du Turkestan chinois au golfe de Guinée via Paris où se mêlent tous les peuples du Vieux Monde et de l’Afrique. Non seulement des foyers insurrectionnels sont actifs au Xinjiang et au Nigeéria, mais des brigades internationales sont à l’œuvre en Syrie, regroupant quelque cent nationalités. Tous mus, il va sans dire, par un violent amour de la démocratie. Or, si le monde s’embrase en conséquence d’une intervention annoncée de Riyad et d’Ankara à contre-courant des efforts de paix russo-américains, le vœu de M. Attali en faveur d’une gouvernance mondiale post-apocalyptique se verra peut-être enfin réalisé.
Lire aussi : Bataille d’Alep : le ton monte
En fait, pour ceux qui n’auraient pas encore compris, il ne s’agit
pas en Syrie d’une guerre civile sous couvert d’une rébellion armée
contre un régime ayant confisqué le pouvoir au seul profit de la
minorité chiito-alaouite. Il n’est donc pas ici question d’une simple
lutte idéologique (démocratie contre fascisme) comme voudraient nous le
faire croire tous les savants exégètes qui se succèdent sur les plateaux
des étranges lucarnes. Car sans doute vaudrait-il mieux parler
d’affrontement interconfessionnel et idéologique, sachant que les
rebelles sont essentiellement des sunnites en guerre (même s’ils ne le
crient pas sur les toits) contre les chiites honnis.
C’est aussi une guerre idéologique parce qu’in fine, le sunnisme dont les « modérés » se réclament est celui des Frères musulmans, vecteur d’un islam politique dont la nature est d’abord idéologique, tout comme le wahhabisme de l’État islamique qui est un sunnisme schismatique, nihiliste et messianique, plus proche en son essence du bolchevisme que de la prédication coranique. Par exemple, la Tchéka, l’organe du terrorisme d’État mis en place par Lénine, avait à peu près un programme analogue à celui de l’État islamique : « La Commission extraordinaire… ne juge pas l’ennemi : elle le frappe. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe… La première question que vous devez poser [à l’accusé], c’est à quelle classe il appartient, quelle est son origine, son éducation, son instruction et sa profession. Ce sont ces questions qui doivent décider de son sort. Voilà la signification et l’essence de Terreur rouge. » Remplacer le mot bourgeois par celui de mécréant (sunnite non wahhabite, alaouite, chrétien, druze, yézidi) et vous aurez un copier/coller du programme takfiriste.
Ajoutons à cela la dimension tricontinentale d’un conflit qui s’étend du Turkestan chinois au golfe de Guinée via Paris où se mêlent tous les peuples du Vieux Monde et de l’Afrique. Non seulement des foyers insurrectionnels sont actifs au Xinjiang et au Nigeéria, mais des brigades internationales sont à l’œuvre en Syrie, regroupant quelque cent nationalités. Tous mus, il va sans dire, par un violent amour de la démocratie. Or, si le monde s’embrase en conséquence d’une intervention annoncée de Riyad et d’Ankara à contre-courant des efforts de paix russo-américains, le vœu de M. Attali en faveur d’une gouvernance mondiale post-apocalyptique se verra peut-être enfin réalisé.
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